La compétence éthique et le gestionnaire en contexte québécois
Publié le : 10 décembre 2018 | Dernière modification le : 29 avril 2022
La compétence éthique est de plus en plus valorisée au sein des organisations, que celles-ci soient publiques ou privées. Comment la définir, et surtout, de quelle façon la mettre en œuvre en milieu de travail?
En premier lieu, il convient de clarifier ce concept qui peut sembler très abstrait. Carole Chauvin, Adm.A., associée Groupe Philia, en donne la définition suivante : « L’éthique est un processus réflexif analysant divers points d’ancrage spécifiques – comme les lois et règles, les normes et codes, les valeurs personnelles et communautaires, les mœurs sociales et pratiques professionnelles, etc. – s’effectuant à partir d’un problème donné, en tenant compte d’un contexte précisé et visant à éclairer la prise d’une décision singulière. »
Comment la compétence éthique se traduit-elle? « En situation problématique, elle s’exprime par le respect naturel et intrinsèque du professionnel à bien saisir les intérêts et enjeux de toutes les personnes impliquées, et ce, afin de pouvoir participer avec elles à une prise de décision éclairée et responsable », explique Carole Chauvin. Dans un tel contexte, le respect sincère de la position de toutes les parties prenantes et la compréhension intéressée sont donc des qualités essentielles, insiste-t-elle.
Il faut aussi s’assurer que la décision repose sur une base éthique solide. Comment l’évaluer? En lui faisant passer trois tests d’évaluation spécifiques. Il s’agit tout d’abord du test de transparence : serait-on prêt à défendre cette décision sur la place publique? En second lieu, le test de confiance : ici, il faut se demander si la décision permettra de maintenir la confiance des autres personnes à son endroit et à l’endroit de son organisation. Enfin, le test de réciprocité : si un intervenant est mécontent de la décision et que le gestionnaire lui en explique les raisons, comprendra-t-il les arguments raisonnés de ce dernier? Lorsque la décision réussit ces tests haut la main, on peut en déduire qu’elle répond bien aux caractéristiques d’une décision éclairée sur un plan éthique.
Néanmoins, la compétence éthique est, selon Carole Chauvin, la plus difficile à évaluer. « On peut mesurer celle-ci dans les actions du gestionnaire, autrement dit, dans sa capacité à faire preuve d’intégrité et d’écoute, mais aussi à nuancer et à tenir compte des valeurs et de l’approche de toutes les parties prenantes », précise-t-elle.
Intelligence pratique et dynamique
La compétence éthique se traduit également par la capacité à comprendre rapidement une situation et à prendre une décision, en considérant auprès de qui et quand on doit interagir. « Il faut être en mesure d’aller au-delà de la somme des savoirs – savoir-être et savoir-faire (connaissances) – et faire preuve d’une intelligence pratique et dynamique (compétence) », indique Carole Chauvin.
S’il n’existe pas de code d’éthique en tant que tel, les professionnels sont généralement soumis à un code de déontologie. À cela, il faut ajouter les règlements internes et les valeurs de l’entreprise, lesquels définissent les relations et la façon dont on doit interagir avec autrui, autant les clients, les fournisseurs que les employés. « On prend assise sur ces normes et valeurs afin de parvenir à un autre niveau, celui de la réflexion raisonnée quant à l’application ajustée du cadre normatif à une situation donnée. Tout demeure interrelié », précise Carole Chauvin.
Propos recueillis par Emmanuelle Gril, journaliste