Éthique
Qu’est-ce que l’éthique?
Publié le : 14 novembre 2019
Savons-nous réellement ce qu’est l’éthique ? Car ce terme recouvre un principe somme toute, assez mal connu. Qui plus est, on le confond souvent avec d’autres notions, ce qui débouche sur une vision tronquée de ce concept. L’éthicien René Villemure fait le point.
L’éthicien René Villemure est auteur*, conférencier et conseiller stratégique. Il est aussi le fondateur d’Ethikos, un organisme dont la mission est de faire une différence en éthique dans l’administration publique et la gestion à l’international de grandes sociétés publiques et privées.
René Villemure explique que dans l’éthique, on retrouve avant tout des valeurs, autrement dit des éléments qui doivent permettre de prendre une décision lorsqu’il n’existe pas de normes ou de règles dans ce domaine. « Elles nous montrent le chemin à suivre. Mais au Québec, ce que nous considérons comme des valeurs sont plutôt des moyens. Par exemple on parle d’innovation, ou encore de compétence, c’est-à-dire des facteurs que nous valorisons, mais qui n’ont rien à voir avec la notion de morale », explique-t-il. Or, la morale se trouve au cœur même des valeurs qui sous-tendent l’éthique.
Il ajoute que l’on confond également éthique et conformité. « Cette dernière s’appuie sur des façons de faire et sur des normes écrites. En mélangeant ces deux notions, on se donne une vision tronquée de l’éthique », précise René Villemure qui ajoute que le terme même est devenu un « mot-valise » dont la signification a été galvaudée.
Un rôle à jouer
En matière d’éthique, quelles sont les attentes de la population, par exemple vis-à-vis des entreprises ou des institutions ? Là encore, M. Villemure constate un glissement de sens. « Les gens pensent d’abord et avant tout à la mise en place d’un code de conduite, de règles à suivre, assortis d’un commissaire qui va surveiller le tout. Mais l’éthique a essentiellement à voir avec la culture d’une organisation et non pas avec sa structure. La culture se vit à travers les valeurs, lesquelles doivent être déterminées clairement », précise-t-il.
En ce sens, l’administrateur se trouve à une sorte de carrefour où il contrôlera « la circulation », fera preuve de vigilance tout en donnant le ton et l’exemple.
Les ordres professionnels ont aussi un rôle à jouer : ils doivent s’assurer que l’éthique est bien présente en leur sein, faire la promotion des valeurs qui sont les leurs, offrir des formations sur l’éthique à leurs membres et s’assurer qu’elles soient suivies.
Une question de culture
Puisqu’elle est reliée aux valeurs et à la culture, l’éthique varie également en fonction du pays d’où l‘on vient. « Les nouveaux arrivants peuvent donc avoir une compréhension de l’éthique différente de la nôtre. Mais c’est une perspective intéressante dont il faut tenir compte, car elle permet d’enrichir notre propre vision. D’ailleurs, je dis souvent aux immigrants récents : ne vous oubliez pas ! C’est-à-dire, n’occultez pas vos valeurs, ni ce qui est important à vos yeux », souligne René Villemure. À cet égard, il estime d’ailleurs qu’il est crucial de créer un dialogue autour de la table, qui permettra de saisir l’ensemble de la situation et, pourquoi pas, de bonifier notre propre approche de l’éthique.
*René Villemure a récemment publié « L’éthique pour tous… même vous ! » un petit traité pour mieux vivre ensemble.
Propos recueillis par Emmanuelle Gril, journaliste