Dans l’administration publique, la mission du gestionnaire est un peu différente de celle qui lui revient dans le secteur privé. Aperçu de ses caractéristiques et des défis qui y sont reliés.

De l’avis de Sophie Séguin-Lamarche, Adm.A., gestionnaire stratège, spécialisée en communication politique et communication de crise, l’une des différences majeures de l’administration entre les secteurs public et privé est son but premier. « Dans le public, on œuvre pour une mission collective et non dans une perspective pécuniaire, ce qui doit nécessairement transparaître dans notre travail », assure-t-elle, soulignant que cette orientation implique aussi un grand souci d’éthique et de transparence. Et ce d’autant que chaque décision des gestionnaires du secteur public est scrutée et que l’attention du public et des médias est constamment pointée vers eux.

Qui plus est, la confiance dans les institutions et la solidité de la démocratie sont étroitement imbriquées l’une dans l’autre. « Les citoyens doivent avoir la certitude que les deniers publics sont utilisés à bon escient. Or, au cours des dernières décennies, certains scandales ont pu éroder la confiance du public. Si les politiciens représentent la population, les gestionnaires publics, eux, sont pris entre l’arbre et l’écorce. Cela peut constituer un rôle difficile et il faut être particulièrement attentif à son devoir de reddition de comptes », poursuit-elle. Un mandat complexe certes, mais qui s’avère aussi très gratifiant.

Au service de la population

Dans le secteur public, on ne raisonne pas en termes de profits et de chiffres d’affaires, mais plutôt de qualité de prestations. « Notre objectif est de fournir le meilleur service possible, confirme Marie-Claude Leblanc, Adm.A., directrice de l’arrondissement d’Outremont à la ville de Montréal. En ce sens, il faut faire preuve d’un certain don de soi, agir en tant que public servant, car on est au service du public et de la population ».

Même son de cloche du côté de M^e François Martin, Adm.A., directeur général de la révision des programmes et de l’amélioration continue au Sous-secrétariat à la performance et à l’application de la Loi sur l’administration publique du Secrétariat du Conseil du trésor. « Nous travaillons pour les citoyens et devons assurer la gestion efficace et efficiente des fonds publics », souligne-t-il, ajoutant que cinq grandes valeurs sous-tendent les gestes et décisions de l’administration publique : l’intégrité, l’impartialité, les compétences, la loyauté et le respect.

Alexandre Parizeau, Adm.A., directeur général de la Ville de Longueuil, souligne pour sa part qu’il faut aussi faire preuve d’une vision à 360 degrés, dans la mesure où les décisions doivent être prises dans l’optique d’inclure tous les types de clientèle. « Au niveau municipal par exemple, l’un des enjeux est de n’oublier personne, tant les familles que les aînés, les personnes seules, etc. », indique-t-il.

Des qualités indispensables

Plusieurs défis attendent les leaders de la fonction publique. La gestion des individus et des équipes est l’un d’entre eux, surtout à l’heure où la rétention et l’attraction des ressources humaines sont devenues des préoccupations croissantes. « On s’intéresse de plus en plus à l’expérience employé. Il faut aussi se soucier de la santé, du bien-être et favoriser le développement en emploi », précise François Martin.

L’innovation et la créativité sont également indispensables dans un environnement très concurrentiel, de même que l’agilité dans l’intégration des nouvelles technologies. Il est également indispensable de favoriser la participation citoyenne, le tout sans oublier le maintien d’une culture de performance. « Les résultats doivent être évalués dans une perspective d’amélioration continue. Le Secrétariat du Conseil du trésor met d’ailleurs à la disposition de la population un tableau de bord de la performance de l’administration publique, ce qui témoigne aussi de notre grande transparence», fait-il valoir.

Pour relever ces différents défis, le gestionnaire doit faire preuve d’authenticité et miser sur un leadership participatif. Ce travail de codéveloppement de solutions permettra ainsi de tenir compte des différents points de vue et perspectives des équipes et partenaires.

« Le gestionnaire d’aujourd’hui est une personne aux habiletés diversifiées, qui a des valeurs et sait rester à l’écoute. Il sait se tenir à l’affût des nouvelles tendances, il se forme constamment et maintient ses connaissances à jour. Et parce que les choses évoluent vite, la capacité d’adaptation demeure un incontournable », remarque Sophie Séguin-Lamarche.

Un environnement de choix

Les personnes interrogées dans le cadre de cet article s’accordent pour dire que la fonction publique est un environnement de choix pour tout gestionnaire qui souhaite s’épanouir sur le plan professionnel. « C’est  aussi un milieu extrêmement stimulant et valorisant, qui nous permet d’œuvrer dans différents secteurs et de bénéficier d’une mobilité exceptionnelle: avec 23 ministères et plus de 60 organismes, et ce, sans parler des réseaux de la santé et de l’éducation, il y a l’embarras du choix », assure François Martin.

« C’est un beau monde ! Nos actions ont un impact direct sur la population et on peut faire une différence. Ceux qui souhaitent contribuer à améliorer la qualité de vie des citoyens trouveront dans l’administration publique d’intéressantes possibilités de carrière », confirme Marie-Claude Leblanc.

Aux jeunes professionnels qui seraient tentés par l’aventure, Sophie Séguin-Lamarche recommande enfin de faire preuve de curiosité, de continuer à se former et à s’intéresser à tout ce qui touche à la gouvernance. « Écouter, observer, apprendre, garder l’esprit ouvert sont des clés pour réussir », dit-elle.

 Propos recueillis et article rédigé par Emmanuelle Gril, journaliste.