La conscience professionnelle, vecteur d’engagement | Ordre des administrateurs agréés du Québec

Gestion

La conscience professionnelle, vecteur d’engagement
(partie II)

Publié le : 10 April 2024 | Dernière modification le : 15 April 2024

Une valeur en voie de disparaitre ?

Que ce soit sur le plan économique (inflation), géopolitique (guerre, conflits), technologique (IA, Chat Gpt), pandémique (Covid), écologique (climat) ou par l’arrivée des milléniaux (générations Y, Z, Alpha) et des nouvelles tendances du marché de l’emploi (télétravail, nouveaux outils et stratégies RH), le monde du travail est en perpétuel mouvement et vivra encore de grands bouleversements en 2024 comme dans les années à venir.

La conscience professionnelle résistera-t-elle aux changements ?

Son absence en milieu professionnel

Avant d’évoquer le risque encouru par l’absence de conscience professionnelle ou l’inexistence d’un plan de développement pour l’acquérir et/ou la conserver au sein d’une organisation, ainsi que les raisons pour lesquelles il conviendrait de ne pas l’occulter, il serait opportun de brosser le portrait d’un employé qui ne la possède pas ou qui l’a perdue :

  • désengagé, détaché, désintéressé
  • attitude légère, désinvolte
  • travail inachevé, bâclé
  • en recherche permanente d’excuses en cas d’erreur
  • absences et/ou retards répétitif
  • résistant au changement
  • influence négative sur l’ambiance au travail et sur l’état d’esprit du collectif
  • démotivé, en situation de burn-out et/ou bore-out, brown-out
  • solitaire, s’isole de l’équipe
  • triste.                     

La conscience professionnelle peut être appliquée de manière évidente et naturelle pour certains employés peu importe l’environnement de travail dans lequel ils évoluent, mais représenter un défi et nécessiter un réel plan d’apprentissage et de développement pour d’autres.

Ces dernières années, le marché de l’emploi a subi une vague excessive et surprenante de départ d’employés de leur entreprise. C’est toute la sphère du monde du travail qui a été ébranlée, employeur, employé, recruteur.

Le constat est le suivant :

  • Un comportement inquiétant de la part de l’employé marqué par une diminution nette du niveau de professionnalisme, d’implication, de motivation, un désengagement, qui résume toutes les caractéristiques d’une perte de conscience professionnelle.
  • Un employeur en grande difficulté, des choix inappropriés de managers, des moyens de développement limités, une direction en perte de sens, peu ou pas de reconnaissance envers ses employés, orientée productivité « à tout prix », une ambiance de travail maussade entrainant une démobilisation des équipes.
  • Des recruteurs dépassés par les évènements, qui travaillent dans l’urgence de combler au plus vite les postes vacants. Dans ce même élan, les plus jeunes fraichement diplômés en RH sont précipités sur le marché du travail, après un cours général en dotation, sans formation spécifique à l’entrevue, sans expérience, ni un réel encadrement par les plus aguerris, ils sont projetés tant bien que mal dans le flot d’incessantes entrevues de candidats et des objectifs quantitatifs élevés.

Ce qui engendre une altération de la qualité des processus d’embauche représentant un réel danger. Il est à noter que certains secteurs d’activités, compagnies, équipes, sortent tout de même du lot.

Pour chaque partie concernée, un épuisement général, tous les voyants sont au rouge. Les éléments essentiels à l’épanouissement de tout individu évoluant dans un environnement de travail sont en train de disparaitre. C’est le début d’une véritable période de « crise de la conscience professionnelle ». Le manque ou l’absence de conscience peut avoir de lourdes conséquences, car elle est la base de l’impulsion dont nous avons besoin pour toute réalisation.

Pourquoi préserver la conscience professionnelle ?

D’une manière générale, nous avons observé des changements importants dans le profil des employés sur le marché du travail actuel et cela pourrait apporter des pistes de réflexion sur la place accordée à la conscience professionnelle, mais pas que !

De nombreux éléments, mais aussi tous les acteurs présents dans la sphère professionnelle, sont à prendre en compte pour expliquer toute cette transformation du marché du travail : employés, employeurs, candidats, recruteurs, de même que le choix de carrière, les besoins urgents à combler, les enjeux financiers, etc.

Dans ce contexte d’incertitude économique mondiale, pourquoi une valeur aussi capitale que la conscience professionnelle garderait-t-elle sa position, au centre des valeurs fondamentales ? Pensons à la Pyramide de Maslow ; les besoins humains nécessaires pour la satisfaction au travail1.

Du côté employé : aujourd’hui, les candidats ont un besoin d’affection réelle pour leur poste, encore plus marquée qu’auparavant. En plus des attentes salariales, ils sont à la recherche d’un « métier-passion » qui a du sens et qui soit en concordance avec leurs valeurs, leur mode de vie, leur situation familiale et les causes qu’ils défendent (environnementale, écologique, luttes sociales diverses, conciliation travail-famille-loisir, …), afin qu’ils s’impliquent ardemment et donc cultivent un haut niveau de conscience professionnelle pour garder la motivation.

Du côté employeur : l’accent devra davantage être mis sur l’encadrement, la relation humaine employé/employeur en tissant des liens solides et la qualité du management mais aussi comme évoqué plus haut sur les gestes de reconnaissance. Investir dans des programmes de formation. L’existence d’une véritable identité culturelle de l’entreprise, constitue également un facteur à mettre en avant, une vision claire à laquelle l’employé s’identifie et adhère pour assurer une rétention « contrôlée ».

Ce sont tous des points clefs qui ne pourront pas s’appliquer sans prendre en considération la notion de conscience professionnelle. En somme, les rôles sont quelque peu inversés : c’est à l’employeur, s’il est conscient cet impact, de comprendre les nouveaux profils et les besoins des employés afin de s’adapter rapidement et d'intégrer les changements dans son organisation.

Du côté recruteur : le marché et les attentes des employés ont évolué, les RH sont contraints d'adopter de nouvelles stratégies de recrutement sur la manière d’évaluer les talents. En amont, un programme académique pourrait être revisité, plus complet et avec un accompagnement encadré des jeunes recruteurs, à leurs débuts. Il semble aussi essentiel pour les spécialistes en ressources humaines de continuer à travailler en étroite collaboration avec les entreprises en recherche de candidats à l’externe, mais aussi en sélection de candidats à l’interne, le but étant de comprendre les besoins en lien avec les nouvelles tendances, les nouveaux profils, pour soumettre les candidatures de manière juste, celles qui permettront de « mettre les bonnes personnes, aux bonnes places » de façon durable.

Investir dans de nouveaux processus d’embauche, plus attractifs, innovants, pertinents, performants est à envisager, notamment par l’application de tests psychométriques, outils indispensables pour évaluer les aptitudes, compétences, personnalités, motivations et valeurs des candidats. Fiables, adaptés à chaque cas, ces tests sont à intégrer de façon moins aléatoire, incluant le déchiffrage et l'interprétation des résultats par le spécialiste en RH, même si leur coût est élevé et qu’il y a une urgence à combler un poste.

Il existe des tests avec des indicateurs de conscience professionnelle fiables. Les tests pourraient venir compléter un curriculum vitae « joliment rédigé » et des réponses à une série de questions redondantes connues d’avance « soigneusement » préparées par le candidat. Faire appel à sa propre conscience en tant que recruteur à travers son expertise n’est pas à négliger pour mieux réaliser l’enjeu que représente la sélection d’un candidat2.

On la retrouve donc à tous les niveaux de réflexion et de prise de décision. En clair, il est risqué de sous-estimer le rôle que joue la conscience professionnelle dans une organisation et il devient urgent de travailler ensemble à lui accorder de nouveau une place centrale dans tout contexte professionnel. Plus le nombre d’employés consciencieux est élevé, plus il sera constaté une amélioration de la productivité puisqu’un lien étroit existe entre motivation et engagement.

En conclusion, la conscience professionnelle tout comme l’humilité ou la transmission du savoir sont toutes des valeurs fondamentales « anciennes » qui devraient être conservées toutes générations et domaines d’activités confondus, y compris à l’ère des nouvelles technologies avancées devenues prédominantes dans notre société et à l’heure où le monde du travail vit de profonds changements. Ces valeurs constituent la base d’une collaboration de qualité ainsi qu’un gage de réussite.
 

Quelques citations illustratives

« Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l’État te le demande. » Albert Einstein, physicien

« On peut tout fuir, sauf sa conscience. » Stefan Zweig, écrivain

« La conscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal. »Confucius, Philosophe

« La conscience morale repose sur la raison et sur une bonne volonté. » Emmanuel Kant, Philosophe

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » François Rabelais, écrivain

« Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l'excellence. » Steve Jobs, Apple

« Pour que notre société continue d'aller de l'avant, nous avons face à nous un défi générationnel : il ne s'agit pas simplement de créer de nouveaux emplois, mais de redonner du sens. (…) Il ne suffit pas d'avoir votre propre raison d'être, vous devez créer une raison d'être pour les autres. » Mark Zuckerberg, Facebook/Méta

 


1 Au cours de notre vie, nous avons différents besoins à combler, comme nous le démontre la pyramide de Maslow. Nous avons un besoin d'estime et d'accomplissement pour être motivé. Avoir une conscience professionnelle peut aussi vous permettre de vous épanouir sur un plan personnel.

2 « Il ne suffit pas de trouver des candidats pour combler les postes vacants au sein de votre entreprise. Il faut savoir reconnaître les bonnes personnes qui vont vouloir rester une fois embauchée, grâce à deux outils pour vous aider à réussir : les méthodes Predicitive Success et Workland. Tests psychométriques où le candidat peut difficilement déjouer le système. Développé par des étudiants d’Harvard, outils qui ont été adapté pour le marché québécois ». Source : Claudine Hébert, journaliste, les Affaires.

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