Gestion
Quatre étapes pour apprivoiser le cycle du changement
et mieux gérer le stress associé
Publié le : 14 March 2019
Le changement est devenu la seule constante et il stimule en permanence les zones de notre cerveau associées à la survie. Pas étonnant que nous soyons aussi stressés. C’est la raison pour laquelle le métier de coach est né et est aujourd’hui considéré comme la forme d’accompagnement du 3e millénaire. Frederic Hudson, l’un des pères du coaching et dont les recherches ont porté sur ce sujet, propose de considérer le changement en quatre temps pour mieux le comprendre et s’y adapter.
Voyons donc les quatre saisons d’un cycle de changement.
Phase « été » : lancement et alignement
Si vous êtes en démarrage d’entreprise, en lancement d’un projet ou encore, à l’entrée en fonction dans un nouveau rôle ou une nouvelle organisation, vous vivez fort probablement la phase de lancement.
Comme dans la période où les chaudes journées d’été s’allongent, il s’agit d’un moment durant lequel la personne est pleine d’énergie au travail et ne voit pas le temps passer. Elle est animée par des sentiments très agréables : enthousiasme, passion, créativité. Elle est motivée par les défis, elle se sent dans le « flow », autrement dit, c’est la période de la lune de miel.
Cette phase est caractérisée par trois étapes distinctes :
- Le rêve : période durant laquelle la personne a intérêt à rendre sa vision plus concrète et à établir le but à atteindre de façon SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste, et organisé dans le temps). Il s’agit aussi d’un bon moment pour débusquer les peurs qui causent parfois de l’auto sabotage : syndrome de l’imposteur, inconfort à gérer la croissance si le projet fonctionne bien, culpabilité envers ses enfants et ses proches en raison des longues heures de travail, etc.
- Organiser : l’étape de structuration du projet, du mandat, des opérations avec un plan de match concret (étapes, collaborateurs, échéanciers, etc.).
- Plateau : moment où le projet est bien aligné et stable et qu’il porte ses fruits.
La phase de lancement est la période idéale pour réfléchir aux critères qui permettent de gérer le temps et les priorités. C’est aussi le temps d’explorer sa capacité à s’entourer et à déléguer. Il est aussi important de s’assurer que la personne est soutenue dans sa vie professionnelle et personnelle et qu’elle est en mesure de s’accorder des pauses et de célébrer les différentes étapes de réalisation afin de maintenir son niveau d’énergie et des émotions agréables.
Lorsqu’on se trouve dans la phase d’alignement, il est souhaitable d’incorporer environ 10% de nouveauté, de défis stimulants chaque année afin de maintenir cet état de grâce, sinon « habitude devient lassitude » et le risque est grand de basculer dans la phase suivante.
Phase « automne » : le déclin
Comme à l’automne, lorsque la récolte est généreuse mais que les signes d’essoufflement commencent à poindre, il s’agit d’un moment où la personne commence à ressentir que « ce n’est plus tout à fait ça », qu’elle « commence à avoir fait le tour »… Une certaine lassitude, de l’ennui s’installent, la personne se sent parfois « coincée » et devient plus irritable.
Lorsque l’entreprise ou l’organisation fait face à une forte croissance ou à la nécessité de moderniser ses processus, lorsque les tensions et les conflits larvés se développent au sein d’une équipe, c’est la période de l’inconfort et du désalignement. Un moment où l’incertitude et l’ambiguïté sont plus présentes et où le stress est croissant. La personne est toujours animée par une énergie importante, cependant, les émotions ressenties sont moins agréables. Si la frustration est discrète au départ, les signaux deviennent de plus en plus évidents lorsque la personne n’est pas à l’écoute des messages transmis par ses émotions à propos des besoins qui ne sont pas satisfaits. C’est souvent au cours de cette phase que les gestionnaires expérimentent leur première crise d’anxiété. Lorsque la peur s’installe, la personne risque de réagir par l’une ou l’autre des trois réactions suivantes :
- Fuite : fuir les insatisfactions personnelles dans le travail, s’évader des problèmes du travail par des comportements excessifs avec la nourriture ou l’alcool par exemple.
- Combat : la colère et l’agressivité sont plus présentes, le gestionnaire est moins à l’écoute des besoins de ses collaborateurs parce qu’il est en mode « survie ».
- Peur : la procrastination peut être un signe que la personne est tétanisée par une peur qui l’empêche de passer à l’action.
La phase de déclin ou de désalignement est également caractérisée par trois étapes :
- Gérer/résoudre des problèmes : le gestionnaire apprend à s’installer dans sa posture, à y trouver du sens, à exercer son leadership.
- Trier, classer : le gestionnaire expérimente le courage de gestion, il fait des choix et prend des décisions difficiles en s’appuyant sur ses valeurs et celles de l’organisation.
- Dire « adieu » : à des comportements, des produits ou services, des collaborateurs, etc.
De façon optimale, un accompagnement approprié du gestionnaire durant la phase de désalignement lui permettra d’effectuer une mini transition afin de permettre un retour à la phase 1 alignement. La personne, le projet, l’organisation est à nouveau sur son « X ». À certains moments cependant, la crise sera inévitable et la personne s’engagera dans la phase suivante pour vivre un cycle complet.
Phase « hiver » : le marasme
La personne qui fait face à une faillite, à la perte d’un emploi, à la fermeture d’une entreprise ou à un divorce au plan personnel, expérimente le chaos et la perte de repères. Le niveau d’énergie est au plus bas : c’est parfois le burnout ou même la dépression. La personne est en deuil et habitée par des émotions désagréables : tristesse, désarroi, culpabilité. Dans certains cas, le désespoir est plus grand et la personne peut même être en détresse et assaillie d’idées noires. Dans ce cas, il est nécessaire de consulter un professionnel autorisé à pratiquer la psychothérapie.
Heureusement, la dépression n’est pas la seule issue au marasme. Il s’agit d’une phase d’introspection – d’hibernation – durant laquelle la personne vit un nécessaire repli sur soi. Elle a besoin de beaucoup de repos et de soutien, du réconfort de ses proches. Il s’agit d’une phase durant laquelle il est important de prendre soin de soi, de poser des gestes d’amour pour soi : marche quotidienne à l’extérieur, hydratation adéquate, sommeil réparateur, en portant une attention particulière à la stimulation des cinq sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher). Une activité comme le yin yoga, avec des mouvements très doux, près du sol, en utilisant différents supports (traversin, blocs, couverture) et en favorisant la respiration abdominale contribue à déclencher le système parasympathique responsable de la détente.
Le corps a un impact énorme sur les émotions et les pensées. Par exemple, en modifiant sa posture, il est possible d’influencer son humeur et d’améliorer son état d’esprit. Les émotions désagréables ayant un impact sur les pensées et vice versa, dans une boucle circulaire, il est souhaitable de ne pas s’attarder dans le marasme.
À retenir : il ne faut pas attendre de savoir ce que l’on veut pour sortir de cette phase mais plutôt avoir une idée claire de ce que l’on ne veut plus. Les nouveaux points de repères seront définis dans la phase suivante.
Phase « printemps » : le renouveau
Cette phase est caractérisée par le retour du calme après la tempête. Bien que la personne ressente encore peu d’énergie, elle est habitée de nouveau par des émotions agréables : sérénité, espoir, curiosité. Comme durant les printemps québécois qui alternent entre de généreuses percées de soleil et les tempêtes subites, la personne peut alterner entre les phases 3 et 4 avec des journées où son humeur est paisible et d’autres où elle est plus morose.
Deux étapes caractérisent la phase du renouveau :
- La connaissance de soi : définir ses valeurs, explorer ce qu’on souhaite dans tous les domaines de vie (professionnel, couple, famille, social, personnel), etc.
- L’expérimentation : essayer de nouvelles activités, étudier, joindre un nouveau cercle social et réfléchir à ce que l’on souhaite conserver ou pas et pourquoi.
Il s’agit d’une phase qu’il faut prendre le temps de vivre (parfois jusqu’à 12 mois) pour éviter de se jeter trop rapidement dans une phase de lancement (nouvel emploi, nouveau conjoint, etc.) qui serait susceptible de nous faire vivre à nouveau un cycle complet.
Qui prend soin de ceux qui prennent soin ?
Que vous soyez dans les phases de lancement ou de désalignement (coaching de gestion) ou dans celles du marasme ou du renouveau (coaching personnel), le coach professionnel certifié peut vous accompagner de façon appropriée à vos besoins à chacune des étapes du cycle du changement pour vous permettre d’aller plus vite, plus loin et plus facilement que si vous étiez seul.