Le gestionnaire occupe un rôle important dans plusieurs sphères de l’entreprise. Par son leadership, il assure une cohésion entre la vision de l’entreprise et les employés. Par ses actes, il donne l’exemple et il transmet un message à son équipe. Mais qu’en est-il de son rôle, en période de changement ?

Dans le présent contexte sanitaire exceptionnel, les entreprises vivent, ce qui est pour certaines, leur plus gros changement organisationnel. Comment, en tant que gestionnaire, devez-vous assurer votre rôle ?

Tout d’abord, il est important de s’arrêter sur la définition du changement. Le changement est un passage d’un état actuel, jugé inadéquat ou insatisfaisant, à un état désiré, qui semble mieux répondre aux exigences. Ce passage peut impliquer un « ajustement » de l’environnement ou des capacités pour retrouver un équilibre satisfaisant.

Par conséquent, le changement implique une rupture de l’équilibre existant. Cette « rupture » nous amène souvent à sortir de notre zone de confort et provoque une remise en question de certaines croyances ou valeurs qui ont été importantes dans notre vie. Il peut aussi nous confronter en tant qu’individu, face à notre propre identité ou même au sens que l’on donne à notre vie.

Dans la situation actuelle, nous pouvons affirmer que tous les niveaux décrits dans la pyramide des niveaux logiques de Robert Dilts, écrivain, coach, consultant et chercheur de renommée internationale, sont touchés par l’arrêt des activités et la réorganisation obligatoire des entreprises, en lien avec le COVID-19. L’environnement est touché, nos comportements doivent changer, nous devons développer de nouvelles capacités et de nouvelles ressources, nos croyances et valeurs sont remises en question, nous nous interrogeons même sur notre identité et sur le sens du changement, tout y est !

Enfin, le changement peut provenir de facteurs externes ou internes à l’entreprise, il peut être progressif ou brutal, choisi ou imposé. Plusieurs facteurs peuvent influencer le processus de changement dans les organisations. Face à ce que nous vivons mondialement, nous pouvons affirmer que le changement est imposé et subit, il est caractérisé par une dimension d’urgence et une grande rapidité. Ce changement engendre, tant dans le niveau de changement généré que dans la brutalité et la rapidité de sa survenance, un degré élevé de stress, d’anxiété et d’insécurité.

Mais comment doit agir le gestionnaire, en pareille situation ?

Le gestionnaire joue un rôle important et primordial en période de crise. C’est lui qui a la responsabilité de conduire le changement et de soutenir ses employés. Il doit témoigner de sa vision de l’avenir et de la stratégie utilisée. Même s’il peut s’avérer difficile de définir une vision en pareille circonstance, le gestionnaire doit tout de même s’assurer de communiquer efficacement sa vision de l’avenir, même le plus proche. Il doit miser sur la transparence lors de ses communications et être à l’écoute des autres. Ces deux points sont fondamentaux en période de crise.

Le gestionnaire est celui qui doit démontrer un haut degré d’adaptation dans les bouleversements. « Ce n’est ni le plus fort ni le plus intelligent qui survit au changement, c’est celui ou celle qui s’adapte le mieux »^[1]. C’est aussi un principe de la « Loi sur la variété requise » de William Ross Ashby (1903). Il doit démontrer une gestion de lui et une conscience accrue de ses émotions et de son stress et une bonne maîtrise des éléments agresseurs. Il doit aussi faire preuve d’intelligence émotionnelle et il se doit d’agir avec authenticité et ouverture. C’est justement sa capacité d’ouverture qui lui permettra de pousser l’innovation en période crise. Il doit être orienté vers les solutions et l’action, et exercer son rôle de leader afin de mobiliser ses employés et conserver le lien qui les unit. Les gestes qu’il posera aujourd’hui auront un impact sur l’avenir de l’entreprise.

Enfin, une attitude critique du gestionnaire en situation de changement ou de crise lui permettra de voir au-delà de la situation et de procéder au changement qui s’impose. Comme le disait Gandhi, « Soyez le changement que vous voulez voir autour de vous », car, toujours selon Gandhi, « croire en quelque chose et ne pas le vivre soi-même est malhonnête ». Soyez cohérent et agissez en congruence avec vos paroles. Soyez convaincu pour devenir convaincant et vendre le changement, tel qu’il doit être. Vous aurez alors toujours une longueur d’avance sur vos équipes. Soyez ouverts aux suggestions et aux préoccupations. Dans plusieurs cas, le gestionnaire est le principal lien unissant les employés à l’organisation : il doit inspirer de la confiance autour de lui.

En bref, même si le changement est exigeant et demande au gestionnaire des efforts importants pour être inspirant et convaincant, c’est dans ses propres croyances et sa capacité à communiquer avec intégrité et authenticité qu’il trouvera les réponses et la capacité de s’adapter, avec l’ouverture et l’innovation dont il a besoin. Montrez l’exemple, faites ce que vous dites et dites ce que vous faites. Les ressources sont en vous, croyez en vous, et ils croiront aussi en vous, vous démontrerez alors vos qualités de leader.

Accordez toute l’importance qu'il mérite à votre rôle, car vous êtes important pour vos employés et vous parviendrez à voir au-delà de la pandémie.

 Article coécrit avec Claude Riverin, Adm.A.