Gestion
Le Référentiel des compétences du gestionnaire au Québec
Un outil concret et pratique pour les entreprises et pour les gestionnaires
Publié le : 29 May 2018
Maître d’enseignement en management à HEC Montréal, Pierre Lainey, Adm.A., F.C.M.C., croise le chemin de centaines de futurs gestionnaires chaque année. Il ne compte plus les occasions où, en cours de route, des gens d’ici comme d’ailleurs, l’ont interpellé sur la meilleure manière d’intégrer le marché du travail. Il l’avoue bien humblement, jusqu’à tout récemment, répondre à cette question relevait de la haute voltige. C’est qu’entre la théorie et la réalité, réside tout un monde aux contours parfois bien flous. Le référentiel des compétences du gestionnaire de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec* pourrait toutefois changer les choses.
Impliqué dans le processus d’élaboration du référentiel depuis le jour 1, Pierre Lainey ne cache pas son enthousiasme à l’égard de l’outil. « Il n’est pas toujours facile de connaître les attentes et les besoins des milieux de travail. De l’extérieur, on peut nourrir l’impression que les exigences varient considérablement d’un secteur d’activité économique à l’autre. Un outil comme le référentiel permet d’avoir accès au portrait des compétences attendues ici et maintenant. C’est extrêmement précieux ».
Du point de vue du maître d’enseignement, la plus grande force de l’outil est d’avoir été développé par des gens œuvrant sur le terrain et capables de définir le rôle de gestionnaire en des termes concrets. « Contrairement à d’autres outils du même genre, dit-il, le référentiel ne se limite pas à l’énumération d’un chapelet de compétences. Il décrit de façon très pratique les exigences attendues de la part des entreprises ». Autre élément distinctif selon Pierre Lainey, le référentiel de l’Ordre n’est pas teinté par une réalité sectorielle particulière, ce qui le rend applicable à tous les milieux.
Suivre le guide
En d’autres termes, que l’on travaille pour une entreprise publique ou privée, de service ou manufacturière, le référentiel de compétences peut s’avérer intéressant. Au premier chef, Pierre Lainey y voit un guide capable d’accompagner de futurs candidats dans leur recherche d’emploi. « Comprendre ce que signifie vraiment la liste des attentes énoncées dans une offre d’emploi est en soi un défi. Le référentiel permet de passer à un autre niveau et d’évaluer si oui ou non, on a ce qu’il faut pour le poste. » Pour les aspirants gestionnaires issus de l’immigration, c’est aussi un moyen simple de mettre des mots sur des tâches et des compétences définies autrement dans leur pays d’origine. « En permettant aux gens venus d’ailleurs de mieux comprendre les attentes du marché du travail québécois, on accroît de beaucoup leurs chances de s’intégrer ».
En fait, du point de vue du maître d’enseignement, le référentiel s’annonce prometteur, non seulement pour les candidats, mais également pour les employeurs. « Lorsque vient le temps de recruter, plusieurs entreprises énoncent une série d’attentes génériques et espèrent trouver quelqu’un qui corresponde. Si on demande à quelqu’un s’il sait bien gérer les communications, les chances qu’il réponde oui sont très élevées. Par contre, si on lui demande s’il est capable d’élaborer un plan de communication, la réponse peut être toute autre. Parce qu’il est très concret, le référentiel permet de vérifier, par des questions très précises, si les candidats ont ce qu’il faut. Cela en fait une véritable grille d’évaluation et un outil précieux pour le recrutement ».
Dans la même logique, Pierre Lainey croit que le référentiel peut être utilisé pour identifier les éléments devant faire l’objet de formation en cours d’emploi. « En matière d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre, le salaire est un facteur important, mais les gens souhaitent aussi que les entreprises investissent dans leur développement. Le référentiel permet d’identifier facilement les zones possibles d’acquisition de compétences. Bien utilisé, il peut servir de base à l’élaboration d’un plan de développement. Pour une PME qui dispose de très peu de ressources, c’est ce qui peut faire la différence entre des talents qui partent et qui restent ».
Un article de Guylaine Boucher, journaliste.
* Le développement de cet outil a été rendu possible grâce à une subvention du Conseil Emploi Métropole.