Gouvernance
Relations entre le C.A. et la direction générale : une nécessaire harmonie
Publié le : 05 September 2023
Pour mener l’organisation à bon port, le conseil d’administration et la direction générale doivent travailler main dans la main, dans le respect des prérogatives de chacun. Aperçu des bonnes pratiques et des conditions gagnantes.
L’essence même d’une saine gouvernance au sein d’une entreprise repose sur le conseil d’administration et la direction générale. C’est pourquoi la relation harmonieuse entre ces deux entités est cruciale, car grâce à celle-ci, l’organisation pourra faire preuve de cohésion et avancer efficacement, remarque Véronique Luciani, Adm.A. «Il faut trouver un équilibre, assurer l’indépendance du C.A. tout en travaillant en équipe avec la direction générale, et ce, dans un contexte de bonne entente», ajoute-t-elle.
Louise Champoux-Paillé, F. Adm.A., abonde dans le même sens et renchérit. «Cette relation est cruciale et devrait être basée sur la confiance, tout en étant arrimée à des valeurs de transparence, d’écoute et de respect mutuel. L’absence de ces conditions peut générer de nombreux problèmes», précise-t-elle.
Un avis que partage Jean-François Thuot, Adm.A., consultant en gouvernance et stratégie d’organisation, qui a œuvré pendant 10 ans en tant que directeur général du Conseil interprofessionnel du Québec. «Ces deux fonctions sont à la fois différentes et complémentaires, d’où la nécessité qu’il y ait de bons rapports entre elles», affirme-t-il.
Définir les rôles de chacun
La clé d’une relation harmonieuse commence par une définition commune et claire des rôles respectifs. «Le C.A. a une fonction de vision et de supervision de la direction générale. De son côté, la direction générale doit réaliser les objectifs stratégiques, alors que le C.A. doit lui donner le moyen de les atteindre», observe Louise Champoux-Paillé. Elle souligne que de plus en plus, on voit aussi émerger un rôle d’accompagnement du C.A., de façon à aider la direction à atteindre les buts qui lui ont été fixés. Mais le C.A. doit se garder de tomber dans la microgestion et d’empiéter ainsi sur les plates-bandes du DG. D’où l’importance de fixer les règles et de délimiter le terrain de jeu de chacun.
«Le C.A. délègue à la direction générale la mise en œuvre des stratégies et la gestion des opérations de l’organisation. Mais il doit comprendre qu’il ne peut pas reprendre un pouvoir qu’il a délégué et il doit se concentrer sur le pilotage stratégique», estime Bernard Blackburn, Adm.A., président et conseiller principal de GUBERNA Services Conseils. Il précise toutefois que cela n’exclut pas de mettre en place certaines politiques, dont une politique de délégation de pouvoir qui prescrit qu’au-delà d’un certain montant, le C.A. devra approuver les dépenses engagées par la direction. Ce qui n’empêche que la relation doit avant tout être basée sur la confiance et le respect.
Plus qu’une description de tâches
Jean-François Thuot mentionne que cette définition des rôles va bien au-delà de la simple description des tâches, et que plusieurs autres aspects doivent également être considérés, au niveau relationnel notamment.
À la base, cela suppose qu’il y ait toutefois une bonne compréhension des distinctions existantes entre les deux fonctions. «Il existe des textes législatifs auxquels on peut se référer, par exemple la Loi sur la gouvernance des sociétés d’État, dont plusieurs éléments sont transférables dans un contexte d’une entreprise privée, d’une association ou d’une OBNL», souligne-t-il. Il précise également que dans le Code des professions, on retrouve depuis 2017 une description remarquablement juste et détaillée du rôle et des fonctions du président d’un conseil et de ceux de la direction générale. Là encore, ces principes peuvent être repris et adaptés au contexte de l’organisation concernée.
Autre bonne pratique : s’assurer de mettre en place un processus d’évaluation du directeur général, conseille Bernard Blackburn. «Il faut mettre en place un processus qui soit à la fois formel, crédible, d’une grande transparence et tenu sur une base annuelle», dit-il.
La relation entre le président du C.A. et direction générale
Il faut aussi porter une attention particulière aux rapports entre le président du C.A. et la direction générale. Ceux-ci doivent doit être basés sur la confiance, une confiance qui se bâtira si le PDG s’assure de rencontrer périodiquement le président du C.A., recommande Louise Champoux-Paillé.
«En présence de problèmes de gouvernance, il faut souvent chercher du côté de la relation entre le président du C.A. et le directeur général», remarque pour sa part Bernard Blackburn. Une bonne entente entre les deux est donc essentielle, sans toutefois tomber dans l’autre extrême. «Ils ne sont pas censés être les meilleurs amis du monde non plus ! En effet, le président du C.A. sera amené à porter un regard critique sur le travail du directeur général. Il est donc préférable de conserver une certaine distance», précise-t-il.
Jean-François Thuot les perçoit aussi comme un binôme, dont les contacts sont fréquents et réguliers. «D’ailleurs, le président est souvent le porte-parole du C.A. auprès du directeur général. Inversement, la présidence du C.A. sera le réceptacle des doléances de la direction», observe-t-il.
Il souligne que le tandem présidence/ direction générale devrait aussi être bien visible, par exemple dans le cadre de la publication des rapports annuels ou des communiqués. «Car au bout du compte, un leadership solide se base sur une relation équilibrée», assure-t-il.
Les conditions gagnantes pour maintenir une bonne entente
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Article rédigé par Emmanuelle Gril, journaliste
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