La valeur ajoutée des gestionnaires immigrants au Québec
Publié le : 05 juillet 2022
De plus en plus d’entreprises québécoises comptent sur une politique de diversité. Jumelée à de véritables mesures d’inclusion, cette tendance pourrait transformer le visage de la gestion au Québec. Une possibilité que Pierre Véronneau, consultant en entrepreneuriat social et en développement international, et Marie-Andrée Roger, présidente d’Overture Project, souhaitent ardemment voir se concrétiser.
Vision élargie et solutions innovantes
Les études sur la question sont unanimes. La mixité est payante. Non seulement en espèces sonnantes et trébuchantes, mais aussi sur le plan de l’innovation et de la créativité. L’expérience de Pierre Véronneau sur le terrain lui a permis de le constater. « La valeur ajoutée des personnes immigrantes dans une organisation est grande. Qu’elles soient gestionnaires ou employées, leur présence fait en sorte que la façon de penser, de réagir, d’analyser et de communiquer est différente. Elles apportent une autre manière de voir les choses et cela favorise le débat et la remise en question. C’est un terreau très fertile pour l’innovation. »
Marie-Andrée Roger, elle, parle « d’une vision élargie » et du fait que la diversité culturelle permet « d’enlever certains biais cognitifs qui peuvent s’imposer lorsque tout le monde a sensiblement le même bagage. Cela, dit-elle, permet non seulement de voir les problèmes sous un angle différent, mais aussi et surtout de trouver des solutions innovantes et de voir des opportunités d’affaires là où, autrement, on aurait laissé passer. C’est un avantage concurrentiel très grand ».
Plein potentiel et nouveaux marchés
Dans un contexte de mondialisation, le fait de pouvoir compter sur des gens de cultures différentes peut d’ailleurs s’avérer être un atout précieux pour percer de nouveaux marchés. « Penser faire des affaires dans un pays sans d’abord avoir fait des efforts pour connaître et comprendre la culture locale est une grave erreur », argue Pierre Véronneau, avant d’ajouter que « beaucoup de grandes entreprises l’ont d’ailleurs compris et ont fait de la diversité culturelle une réalité, ce qui leur a permis de se développer ». Hélas, déplore-t-il, « c’est moins vrai dans les PME ».
Du point de vue de Marie-Andrée Roger, l’équation ne se limite pas au fait de pouvoir compter sur des personnes d’origines diverses dans une organisation. Il faut aussi savoir utiliser leurs talents à leur plein potentiel. Or, de son point de vue, ce n’est pas toujours le cas. « Certaines barrières demeurent. Et cela dépasse la barrière de la langue. En entrevue, beaucoup de gestionnaires et d’organisations sont encore à la recherche de repères culturels connus. Ce n’est pas malveillant ni même volontaire, mais ce sont de vieux réflexes qui peuvent nuire au recrutement d’abord, mais aussi à l’intégration. Pourtant, conclut-elle, les personnes qui ont immigré sont des gens hyper courageux, qui méritent toute notre admiration. Ils ont la volonté de contribuer au Québec de toutes sortes de façons. Nous serions bêtes de nous priver de leurs talents, d’autant plus que le fait d’être mis en contact avec d’autres cultures nous fait grandir comme individus, ne serait-ce que dans notre rapport à notre propre culture. »