Se préparer à devenir gestionnaire au Québec
Publié le : 04 July 2022 | Dernière modification le : 28 November 2023
S’intégrer professionnellement au Québec lorsque l’on est un gestionnaire immigrant est souvent un processus ardu. Expérience de travail, culture professionnelle et reconnaissance des compétences font partie des obstacles auxquels font généralement face les nouveaux venus. Voici quelques conseils pour surmonter les principales difficultés.
À bien des égards, l’insertion professionnelle d’Amédée Nieki Zanga, Adm.A., originaire de la République démocratique du Congo, est un modèle à suivre. Après avoir étudié en agroalimentaire puis travaillé dans ce secteur en France, il est arrivé au Québec en 2009. « Je n’avais pas l’expérience de travail québécoise réclamée par les employeurs, aussi j’ai repéré une entreprise française qui venait d’acheter une compagnie québécoise. J’ai pu faire valoir mon diplôme et mon expérience de travail française, et on m’a embauché », raconte M. Nieki Zanga.
Ce faisant, il a pu se familiariser avec l’environnement québécois et postuler par la suite à des emplois dans des entreprises d’ici. Il est aujourd’hui chef amélioration opérationnelle au sein de la coopérative laitière Agropur.
L’expérience de travail québécoise
Jonathan Plourde, associé directeur, Amérique du Nord pour la firme Alexander Hughes, confirme que l’un des principaux obstacles que les professionnels immigrants trouveront sur leur chemin est de ne pouvoir justifier d’une expérience de travail québécoise. « Le fait de ne jamais avoir travaillé ici est un handicap dans la recherche d’emploi, car les employeurs potentiels craignent notamment que cette méconnaissance de la culture cause des difficultés », précise-t-il. Pour contourner cet écueil, M. Plourde recommande de commencer par explorer du côté de l’industrie qui nous employait avant notre arrivée au Canada. « Par exemple, si l’on œuvrait en pharmaceutique, c’est une bonne idée d’approcher les entreprises dans ce domaine au Québec. Elles pourraient éventuellement reconnaître plus facilement nos acquis. Ensuite, on s’en sert comme d’un tremplin pour prospecter d’autres champs d’activité », recommande M. Plourde.
On doit également se montrer proactif et ne pas hésiter à s’inscrire à des formations, cours d’appoint ou séminaires qui contribueront à développer sa connaissance de la culture québécoise, notamment en matière de gestion. « Il faut s’instruire pour mieux intégrer son nouvel environnement de travail. En plus des cours traditionnels, on peut lire des ouvrages spécialisés et on trouve aussi de nombreuses solutions en ligne », ajoute M. Plourde.
Pour sa part, en plus d’être membre de l’Ordre des administrateurs agréés, M. Nieki Zanga fait partie de l’Association des MBA du Québec. Il a également obtenu la certification Six Sigma Black Belt délivrée par l’American Society of Quality et est membre du Project Management Institute. Autant de preuves qui rassurent les employeurs québécois quant à son intégration professionnelle et sa connaissance du milieu.
Comprendre les différences
M. Nieki Zanga affirme qu’outre les habiletés et les compétences, les recruteurs recherchent aussi une certaine attitude chez les candidats qui postulent à un emploi. « Être un gestionnaire implique souvent de solutionner des problèmes. Par conséquent, on veut des gens qui sont efficaces et proactifs, avec une approche positive et en mode de résolution de problèmes », précise-t-il.
Et même si l’on n’a pas été embauché pour occuper ce type de poste, il est toujours possible de progresser en faisant preuve d’audace! « Face à une difficulté, il ne faut pas hésiter à proposer des solutions, et ce, même si l’on n’a pas été recruté en tant que gestionnaire. En agissant de la sorte, on démontre que l’on a quelque chose de plus à offrir. Au bout du compte, cela peut nous aider à obtenir une promotion, car lorsqu’un poste se libérera, on pensera à nous parce que l’on aura réussi à se démarquer et à faire la démonstration concrète de nos compétences », recommande M. Nieki Zanga, qui ajoute que développer sa confiance en soi est essentiel pour le professionnel immigrant qui veut réussir dans sa terre d’adoption.
Autre distinction importante : au Québec, et en Amérique du Nord en général, le rôle du gestionnaire est un peu différent de celui que l’on connaît en Europe ou en Afrique par exemple. « Ici, on s’attend à ce qu’il travaille en équipe avec les employés sous sa supervision. C’est perçu comme une condition essentielle à l’atteinte de la performance. En Europe, les rôles de chacun en milieu de travail tiennent davantage compte de l’échelle hiérarchique », dit-il. De ce fait, on attend d’un gestionnaire québécois qu’il adopte une approche collaborative, voire qu’il joue un rôle de coach, qu’il fournisse soutien et encadrement aux personnes sous sa direction.
« Cette mentalité prévaut globalement au sein des entreprises, confirme Jonathan Plourde. Preuve en est qu’ici, un employé peut directement avoir accès au grand patron, alors qu’en Europe, il est préférable de s’adresser à son supérieur hiérarchique immédiat. » Des différences avec lesquelles il faut se familiariser pour faciliter son entrée sur le marché du travail au Québec.
Propos recueillis par Emmanuelle Gril, journaliste