Comment développer et mieux exploiter son réseau
Publié le : 04 July 2022
Ce n’est un secret pour personne : le réseautage constitue un élément clé dans une insertion professionnelle réussie. Mais comment tisser un réseau lorsque l’on est un gestionnaire immigrant? Conseils pour y parvenir et en tirer le meilleur parti.
Bien des gestionnaires immigrants sont désarçonnés par la notion même de réseautage. « J’ai appris ça ici, car je ne connaissais pas cette façon de faire », se rappelle Romulus Behanzin, Adm.A., comptable professionnel agréé, fondateur et associé chez CPA Alliance Mac. Originaire du Bénin, M. Behanzin a posé ses valises au Québec en 2010. Il admet que réseauter n’est pas chose aisée, surtout lorsque l’on ne connaît personne ou presque… « Dans ces conditions, il peut être tentant et beaucoup plus facile de rester entre immigrants. C’est pourtant l’inverse que l’on devrait faire : faire preuve d’ouverture d’esprit, aller vers les autres, voir ce que l’on peut apporter », conseille-t-il.
Tisser des liens
Comment sortir de sa zone de confort et commencer à tisser des liens en dehors de son cercle de relations immédiat? Il faut saisir toutes les occasions qui se présentent à nous. Étudier – qu’il s’agisse de cours d’appoint, de formations de courte ou de longue durée, etc. – est un excellent point de départ. Car en plus de bonifier ses connaissances et d’ajouter un diplôme à son CV, on pourra également commencer à tisser sa toile. Dorette Mekamdjio, Adm.A., Camerounaise arrivée au Québec en 2006 et directrice du Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles, confirme que la maîtrise qu’elle a faite à l’École nationale d’administration publique l’a aidée à se créer un réseau, en plus de la familiariser avec son nouvel environnement.
Adhérer à un regroupement ou à une chambre de commerce, intégrer une association ou un ordre professionnel sont aussi des clés qui peuvent ouvrir bien des portes, souligne Amédée Nieki Zanga, Adm.A., originaire de la République démocratique du Congo, au Québec depuis 2009. Par exemple, en plus d’être membre de l’Ordre des administrateurs agréés, M. Nieki Zanga fait aussi partie de l’Association des MBA du Québec. Dans les deux cas, cela lui a permis de développer son réseau de contacts.
« Suivre une formation pour acquérir une certification dans son champ d’expertise est aussi une bonne façon de nouer des liens avec des personnes qui s’intéressent aux mêmes domaines que nous, ce qui constitue un atout », ajoute-t-il. Ce faisant, on rejoint un cercle d’individus avec qui l’on a des intérêts communs, ce qui facilite l’entrée en matière et les présentations. Pour sa part, M. Nieki Zanga, qui est aujourd’hui chef amélioration opérationnelle au sein de la coopérative laitière Agropur, a par exemple obtenu la certification Six Sigma Black Belt délivrée par l’American Society of Quality et est membre du Project Management Institute.
D’autres avenues à explorer
S’impliquer dans différents organismes communautaires ou encore participer à des comités de travail de notre association ou ordre professionnel sont également de bonnes idées pour élargir notre champ d’action. On peut aussi proposer sa candidature pour siéger bénévolement à un conseil d’administration : garderie, école, organisme sans but lucratif… les possibilités sont multiples! Et pourquoi ne pas s’inscrire à un club de sport (soccer, vélo, kayak, etc.)? N’oubliez pas : partager une passion aide à créer des liens.
De son côté, Sorin Barcun, Adm.A., consultant en comptabilité originaire de Roumanie qui vit au Québec depuis 2003, rappelle que dans certaines communautés, les prêtres sont en lien avec un grand nombre de personnes et aident les gens à se rencontrer. Quelle que soit la confession religieuse, le lieu de culte est encore un lieu de rassemblement relativement fréquenté par les immigrants, car il constitue un lien avec leur culture d’origine. Parmi eux, il se trouvera peut-être quelqu’un qui vous donnera le petit coup de pouce nécessaire pour accélérer votre insertion professionnelle…
Entretenir son réseau
Constituer un réseau, c’est bien, mais encore faut-il l’entretenir. Car rien ne sert de collectionner les cartes professionnelles ou de multiplier le nombre de relations sur LinkedIn si, au bout du compte, elles finissent par sombrer dans l’oubli.
Par conséquent, pour renforcer les liens qui ont déjà été tissés ou en nouer d’autres, il ne faut pas hésiter à participer aux activités proposées par les organismes et regroupements dont on fait partie, et ce, d’autant plus que certaines sont justement orientées vers le réseautage. « Il faut saisir toutes les occasions permettant de garder le contact », confirme Amédée Nieki Zanga.
Ne vous dispersez pas et gardez en tête que deux rencontres potentiellement utiles valent mieux que 10 autres dans un champ d’activité trop éloigné de vos intérêts professionnels.
Pour maximiser les retombées positives de ces événements, il est tout aussi essentiel de faire un suivi efficace. Pour cela, on obtient les coordonnées de ses nouvelles relations afin de pouvoir poursuivre le dialogue au-delà de l’approche initiale. Il sera alors possible de communiquer avec ces personnes quelques jours plus tard, pour éventuellement planifier un rendez-vous ou voir de quelle façon nos services pourraient leur être utiles. Même à l’heure des réseaux sociaux, la bonne vieille carte professionnelle présente encore des avantages! Mais l’enjeu n’est pas tant de distribuer la vôtre que d’obtenir celle des autres…
Propos recueillis par Emmanuelle Gril, journaliste