L'innovation sociale : découvrez trois de ses leviers | Ordre des administrateurs agréés du Québec

Gestion

L'innovation sociale :
découvrez trois de ses leviers

Catherine Lamontagne, Adm.A., C.M.C.

Publié le : 13 juin 2024 | Dernière modification le : 14 juin 2024

L’innovation sociale modèle le changement systémique. On pense par exemple au microcrédit, aux coopératives, aux logiciels libres (open source), à l’économie circulaire, à l’opalité en gestion et au commerce équitable, qui sont autant d’exemples d’innovations sociales.

Même si les organismes à but non lucratif et les institutions de recherche semblent avoir des affinités naturelles avec les aspirations et les principes guidant ce type d’innovation, on constate un intérêt croissant de la part d’une grande variété d’entités publiques et privées.

Que vous soyez gestionnaire, administrateur ou administratrice ou encore que vous œuvriez en consultation, vous trouverez dans les méthodologies, les processus et les outils de l’univers de l’innovation sociale des leviers pour résoudre les enjeux qui vous empêchent de dormir.

Un article en deux temps :

  • d’abord pour développer une compréhension commune de ce qu’est l’innovation sociale ;
  • puis, pour présenter trois leviers qui pourraient vous être utile :
    • une méthodologie, la pensée design ou design thinking  ;
    • un processus, celui de laboratoire d’innovation sociale ; et
    • un outil, la mise en récit, aussi appelé storytelling.

Partie 1. L'innovation sociale démystifiée

« Il y a du social dans toutes les innovations, mais toutes les innovations ne sont pas sociales ».

Pour comprendre le sens de cette phrase, clarifions d’abord deux concepts, soit celui de l’innovation et celui de l’innovation sociale.

Innovation

L’innovation peut prendre la forme : d’une idée, d’une approche, d’une intervention, d’une loi, d’un produit, d’un service, et même d’un type d’organisation. Elle peut être incrémentale, en améliorant petit à petit, radicale, en changeant les manières de faire sans changer le marché, ou de rupture, en créant un nouveau marché.

On peut affirmer qu’il y a du social dans toutes les innovations dans la mesure où de son émergence à son déploiement, l’innovation implique des interrelations et génère des retombées qui concernent plusieurs parties prenantes.

La finalité d’une innovation ne concerne pas nécessairement le bien commun.

Innovation sociale

C’est l’un des points distinctifs de l’innovation sociale. En effet, celle-ci répond à un enjeu complexe et persistant spécifiquement lié aux plans social ou environnemental. Non seulement elle implique plusieurs parties prenantes ; elle prend le parti d’engager et de faire coopérer l’ensemble des parties prenantes clés liées à l’enjeu en vue d’y apporter une nouvelle réponse. Son caractère innovant est reconnu une fois que l’innovation a été déployée et adoptée par les personnes ou les organismes ciblés.

Apprenez-en plus à propos de l’innovation sociale auprès du Réseau québécois en innovation sociale et de la Maison de l’innovation sociale

Partie 2. Leviers d’innovation sociale

L’innovation sociale comprend quatre phases :

  1. L’émergence d’un désir de sortir des pratiques courantes,
  2. La mobilisation d’une diversité de connaissances et de compétences,
  3. La rétroaction des preneurs et preneuses,
  4. L’appropriation jusqu’à devenir la nouvelle pratique courante.

Cette section-ci est dédiée aux leviers à votre disposition pour naviguer à travers ce métaprocessus.

La pensée design ou design thinking

Cette méthodologie créative permet de résoudre des problèmes complexes en mettant en correspondance les attentes des bénéficiaires, les contraintes techniques et la viabilité économique.

Grâce à l’empathie, la pensée design s’intéresse à ce que vivent et ressentent les bénéficiaires de manière à intégrer leurs points de vue et leurs besoins, du cadrage de la problématique à la mise en œuvre, en passant par la recherche et l’élaboration des solutions.

Quand l’utiliser ? Très polyvalente, cette méthodologie peut être employée à plusieurs sauces et à différentes échelles. Dans ma pratique, je l’ai utilisée tant pour reconnecter des parties prenantes autour d’un objectif commun le temps d’une journée que pour élaborer une planification stratégique ou réinventer la proposition de valeur d’un service.

Dans son Guide pratique sur l’impact, André Fortin présente les cinq caractéristiques de la pensée design :

  • La créativité pour résoudre collectivement des défis,
  • L’approche centrée sur la personne utilisatrice et l’empathie,
  • Une structure permettant un parcours non linéaire et souple,
  • Une attitude axée sur la curiosité, l’apprentissage et l’optimisme,
  • La promotion de l’exploration, de l’expérimentation et de l’itération.

Les qualités à avoir pour l’employer ? Vous aurez de la facilité à réaliser une telle démarche si d’emblée :

  1. vous mettez l’accent sur les valeurs humaines et les besoins,
  2. vous arrivez aisément à créer de la clarté à travers la complexité, et enfin, si,
  3. vous avez un coffre à outils diversifié permettant de proposer des activités concrètes, accessibles et ciblées pour répondre à un but précis.

Le laboratoire d’innovation sociale

Dans le même esprit d’implication des parties prenantes dans la quête de solutions à des enjeux complexes, le laboratoire d’innovation sociale propose un espace sécuritaire pour réaliser des expérimentations collectives à moyen ou à long terme permettant de trouver des solutions à des enjeux sociaux complexes. À travers la démarche, le lab permet la transformation des individus et des systèmes, rien de moins. Concept en émergence, on le trouve sous différents vocables et nuances : living lab, lab de design, change lab, lab social, etc.

Les laboratoires d’innovation sociale sont caractérisés par :

  • Les approches utilisées, dont la pensée design,
  • L’accent sectoriel, par exemple la santé,
  • Leur vision du changement qui passe par la mobilisation concertée,
  • La manière de travailler qui favorise la cocréation et l’expérimentation,
  • L’implication gouvernementale, via une structure publique.

Quand l’utiliser ? Une fois que le bon problème est cadré, dans un contexte sectoriel bien défini, où il est possible de partager la propriété intellectuelle et qu’il est important de mesurer :

  1. les retombées humaines et sociales en termes de compétences, de pratiques et de réseau,
  2. les retombées physiques comme un nouveau service, initiative ou infrastructure, et,
  3. les connaissances générées. 

Les personnes impliquées dans les laboratoires d’innovation sociale témoignent de difficultés réelles pour mener à bien la mission commune. Parmi elles, la dépendance au financement gouvernemental et la difficulté à mobiliser une aussi grande variété de parties prenantes à moyen et à long terme. Ce sont donc des éléments à prendre en compte au moment d’évaluer le potentiel de ce processus.

Les qualités à avoir pour l’employer La posture à privilégier est celle de la facilitation qui se traduit à travers :

  1. un rôle de designer et de gardien du processus ,
  2. une intention favorisant l’appartenance et l’engagement des parties prenantes, et
  3. une posture neutre, marquée par une qualité de présence et d’écoute générative.

La mise en récit ou storytelling

Cet outil de communication permet d’inspirer le changement et de propulser l’action en liant information et émotions, raison et passions. La mise en récit s’articule en plusieurs étapes qui peuvent être résumées par :

  • L’identification et l’élaboration des ingrédients clés, soit l’objectif du récit, le public, le thème et le message central ainsi que les personnages (protagoniste, antagoniste et personnages secondaires) ;
  • L’élaboration et la construction de la trame narrative incluant la mise en contexte pour commencer le récit, l’essor de la problématique, la crise qu’elle génère et les péripéties qui s'ensuivent (épreuves, surprises, obstacles inattendus) dans un continuum de causes à effets suivies d’un dénouement inspirant qui appel à l’action ;
  • L’amélioration stylistique par le ton, le style, le symbolisme, les métaphores, etc.

L’efficacité de la mise en récit résulte entre autres de son ancrage dans plusieurs disciplines scientifiques, dont la psychologie cognitive et émotionnelle, les neurosciences, la sociologie, l’anthropologie et la linguistique.

Cet outil est un puissant levier d’innovation sociale dans la mesure où elle est simple et démocratique, intemporelle, inspirante et contagieuse. Elle permet de transmettre des valeurs et des croyances, mais aussi d’améliorer l’apprentissage tant individuel que collectif.

Quand l’utiliser ? La mise en récit est un outil passe-partout utile en de nombreuses circonstances : pour susciter les conversations pertinentes, faire évoluer les mentalités, sensibiliser à une cause, engager les parties prenantes, mobiliser les connaissances, favoriser le passage à l’action et stimuler le changement.

Les qualités à avoir pour l’employer ? Pour faire de bonnes mises en récit, la créativité, l’empathie, le sens de l’observation et des compétences en résolution de problèmes et en recherche feront office de fondation. Ce à quoi il faut ajouter les compétences techniques en matière de communication et de narratif.

Pour aller plus loin

En conclusion, à partir du moment où vous avez la volonté de répondre à un besoin social auquel il n’y a pas de réponse formelle ou satisfaisante, vous trouverez des pistes de réflexion et d’action dans l’univers de l’innovation sociale.

Pour aller plus loin en français, le Réseau québécois de l’innovation sociale est votre point de référence ainsi que le Guide pratique sur l’impact d’André Fortin, qui comprend une section sur chacun des leviers présentés ainsi que des outils associés.

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